La simulation et le laboratoire en soutien de l’expertise

Ingénierie, conseil et prévention

L’intervention d’un expert d’assurance implique généralement des compétences techniques et des connaissances solides sur un matériel ou un secteur d’activité donné. Il doit alors comprendre, déterminer la ou les causes d’un sinistre afin d’évaluer et établir le régime des responsabilités. Pour une grande majorité de dossiers, une simple expertise suffit pour orienter les conclusions. Or, certains, plus complexes, requièrent la mobilisation d’un laboratoire externe indépendant pour clore le litige de manière factuelle et objective. Quelques exemples.

Quand missionne-t-on un laboratoire d’analyse indépendant ?

  • Un industriel peut directement saisir un laboratoire d’investigation technique, en lieu et place d’une réclamation à son assureur. Le laboratoire intervient alors pour aiguiller le service technique de l’entreprise en expliquant les causes du désordre.
  • Un industriel ou un particulier peut également saisir son assureur après avoir rencontré un problème technique, qu’il soit de nature concrète comme un sinistre ou potentielle, à l’état de risque suite à une défaillance ponctuelle lors d’une mise à l’essai de son produit.

En bris de machine, en responsabilité civile ou en retrait de produits, chaque dossier passe par une phase préliminaire d’analyses, de reconstitution ou de recherche de cause, y compris pour étudier ou valider la solution qui sera retenue. Quand le dossier se révèle complexe et qu’une expertise technique est nécessaire pour apporter une réponse incontestable aux parties en présence, il est fait appel à des laboratoires externes indépendants, titulaires ou non d’accréditations telles que celle du COFRAC par exemple. Pour une grande majorité des dossiers, une simple expertise faite au sein du laboratoire d’INQUEST suffit à orienter les conclusions.

Le laboratoire d’INQUEST agit en qualité de caution technique, indépendante et objective de trois manières différentes, illustrées par les exemples suivants.

La simple expertise technique du produit

C’est le cas de cette applique solaire, sujette à des départs de feu selon les clients de l’importateur. Qu’il s’agisse du produit directement impliqué dans le sinistre ou d’un produit neuf identique fourni avec sa documentation technique, nos conclusions peuvent apparaitre dans le rapport d’expertise.

En collaboration avec son assureur, l’importateur demande au laboratoire d’INQUEST son avis technique pour évaluer l’ampleur des risques.

Vendu au grand public, le produit est un boitier d’éclairage de nuit surmonté d’un petit panneau solaire. Dans la journée, la lumière ambiante recharge un accumulateur grâce au panneau solaire, et la nuit l’accumulateur alimente un luminaire basse consommation.

L’expertise d’un produit incendié et d’un produit neuf a démontré, après reconstitution du schéma électronique interne (non fourni), que la gestion de la charge de l’accumulateur n’était pas conforme aux règles de l’art minimales pour la technologie de batteries utilisée (lithium).

L’analyse conclut sur la nécessité d’organiser un rappel de produit.

La simulation avec modélisation numérique ou construction d’une maquette

Le bris du surmoulage d’un bobinage (2) dans un transformateur de puissance HTA/BT (3) entraine une disjonction du poste de livraison d’un site industriel.

La fracture constatée est typique d’une contrainte mécanique imprévue consécutive à un montage hyperstatique des appuis du surmoulage. Le fabricant conteste l’hypothèse en affirmant que dans ce cas, la fracture n’aurait pas la forme constatée. Pour lui démontrer que les dommages qui doivent logiquement en résulter sont au contraire exactement tels que survenus, il a été réalisé en laboratoire une maquette permettant de visualiser les efforts internes dans la matière en exploitant la photoélasticimétrie.

C’est une branche de l’optique qui exploite les propriétés de biréfringence (4) de certains matériaux soumis à des efforts mécaniques. Elle a été très utilisée dans les bureaux d’études notamment dans les années 30, quand les calculateurs numériques n’existaient pas, pour visualiser les lignes de forces dans des pièces sous contrainte ou pour valider des projets complexes. Aujourd’hui, la méthode se révèle très utile pour diagnostiquer rapidement une répartition d’efforts dans une pièce ou un assemblage.

Sur la photo ci-dessus, on observe dans la fenêtre ronde l’appui mécanique sur la pièce (ligne verticale brillante supérieure), et en dessous les deux lignes de force dans la matière, issues du point d’appui externe, faisant approximativement 60° entre elles et leur épanouissement. Il en résulte logiquement une fracture verticale à l’aplomb de l’appui, de longueur limitée.

La reconstitution du sinistre

Suite à l’incendie d’un radiateur soufflant d’appoint de salle de bain, l’assureur a demandé au laboratoire d’INQUEST d’examiner le produit litigieux. Première observation, le radiateur n’est pas équipé de sécurité anti-basculement qui, en principe, arrête le chauffage dès qu’un basculement est détecté.

Pour reconstituer le sinistre, un produit neuf est mis en marche puis renversé au sol sur des poils et des cheveux, qui s’avèrent semblables à ceux présents sur la moquette de la salle de bain sinistrée. Dès sa chute au sol, le flux du ventilateur aspire les cheveux qui s’enflamment instantanément au contact de ses résistances chauffantes.

Trois cas de figure, trois exemples dans lesquels les conclusions rendues par le laboratoire d’INQUEST apparaissent comme la résolution factuelle et objective d’un désordre. À la lumière de cette analyse peut être préconisé, dans le rapport d’expertise, le recours à une campagne de rappel de produits dont le bénéfice est double : d’une part pour l’image et la réputation de l’entreprise impliquée, d’autre part, pour la santé et la sécurité du consommateur.

Pierre MONSALLUT

Expert et Responsable du laboratoire INQUEST

Groupe Stelliant

  • (1) COFRAC : COmité FRançais d’ACcréditation
  • (2) Il s’agit de l’enrobage en matériau isolant des enroulements électriques du transformateur, permettant à la fois l’isolation électrique vis-à-vis de l’extérieur et le maintien mécanique des fils.
  • (3) HTA : Haute-Tension A (classe de tension jusqu’à 50 000 V en alternatif)
  • (3) BT : Basse Tension (classe de tension jusqu’à 1 000 V en alternatif)
  • (4) Biréfringence : Propriété physique d’un matériau dans lequel la lumière se propage de façon anisotrope (selon la direction)