Les métiers de l’automobile face au risque

Expertise

En cas de sinistre, les acteurs de l'automobile peuvent compter sur leurs assureurs, mais les subtilités réglementaires peuvent surprendre. Tour d'horizon.

L’image du mécanicien aux mains pleines de cambouis écoutant le bruit d’un moteur avec un tournevis à l’oreille habite encore certains esprits lorsque l’on évoque les professionnels de l’automobile, stéréotype appartenant aujourd’hui aux archives. Les métiers de l’automobile sont toujours exercés par des passionnés, mais ils n’ont plus grand-chose à voir avec ceux d’hier. Ce qui n’est pas sans relation avec une augmentation des risques.

Si ces professionnels peuvent compter sur leurs assureurs en cas de coup dur, les subtilités procédurales, techniques, juridiques et assurantielles peuvent parfois les surprendre lorsqu’ils n’y sont pas préparés. Dans ce contexte, l’expert intervient auprès du professionnel mis en cause. Ce qui nous permet d’émettre quelques observations.

La voiture d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui

« La voiture accessible à tous » a motivé un célèbre Henry Ford à faire entrer l’automobile dans l’ère de la grande série. Plus d’un siècle plus tard, ce rêve est devenu plus que jamais une réalité. Mais depuis quelques années, ce qui anime les constructeurs, équipementiers, distributeurs et autres acteurs de la filière c’est « l’automobile propre, fiable, économe et autonome ».   

Pour atteindre leurs objectifs, les acteurs de l’industrie automobile ont, comme à leur habitude, réalisés d’énormes prouesses technologiques ces dernières années. Cependant, l’évolution du pouvoir d’achat des ménages n’a pas été aussi dynamique. Pour pouvoir allier évolution technologique, écologique et pouvoir d’achat, les métiers de l’automobile ont dû s’adapter et challenger leurs coûts et leurs solutions.  

D’un côté, les moteurs et leurs accessoires ont fait l’objet de multiples modifications et évolutions amenant avec elles de nouvelles contraintes et de nouvelles sortes de sinistres. D’un autre côté, les propriétaires de véhicules attendent d’un constructeur que leur véhicule soit de plus en plus exempt d’incidents pendant de nombreuses années.  

Lorsqu’une panne se produit, au grand dam du propriétaire du véhicule, ce dernier est bien souvent peu disposé à dépenser ses économies pour devoir payer la réparation. Il se tourne alors souvent vers le vendeur, le mainteneur, le contrôleur technique ou encore le constructeur pour tenter de se ménager un recours à l’aide de ses assureurs en protection juridique, lorsque cette garantie a été souscrite.  

Eviter la dérive d’un litige

La situation de litige provoque régulièrement une certaine crainte chez les différents acteurs, tous convaincus d’être dans l’obligation de se défendre de l’autre. La procédure débute, à l’amiable le plus souvent, puis par une expertise contradictoire. Celle-ci permet de définir les cadres réglementaires pour établir la ou les causes, le coût des dommages et les éventuelles responsabilités, contractuelles dans la plupart des cas.  

Au terme d’une expertise, les experts peuvent partager tout ou partie des conclusions ou observer des désaccords. En accord ou pas, les experts rendent leurs rapports à leurs assureurs respectifs. Ensuite ? Trois possibilités, soit le litige s’éteint sans négociation, soit un accord est trouvé entre les parties. Dernière possibilité, la procédure se poursuit en justice. Cette dernière option peut être choisie pour bien des raisons, dont parfois le désaccord sur l’expertise ou son interprétation

Pour éviter de se retrouver en justice, ou pour mieux comprendre l’origine de la dérive, la tenue d’opérations d’expertises rigoureuses suivies de communications claires et étayées est donc centrale. En fonction des litiges, les compétences nécessaires en expertise peuvent varier. De la recherche de causes et circonstances de l’incendie (RCCI) à l’accidentologie, de l’analyse des modes de ruptures et de déformations des matériaux, aux études juridiques et réglementaires, du chiffrage des dommages matériels et financiers à la maitrise des conventions, tout un savoir-faire se déploie pour répondre à tous les aspects d’un sinistre, dès ses premiers instants.  Au risque de n’aborder qu’une partie du problème, l’expert ne peut plus se contenter de bien connaître les voitures et agir seul. Ce qui met l’accent sur la prévention.  

Prévenir l’incident

Prévenir et éviter les litiges n’est pas si simple, de surcroit dans un cadre législatif particulièrement rigoureux. Le réparateur automobile doit se prémunir d’avantage que les autres face aux risques. Le signalement, le chiffrage et la mise en lumière de toutes conséquences potentielles après intervention font partie des pistes à ne pas négliger

Lorsqu’un incident survient car cela arrive même aux plus prévenants, adopter les bons réflexes en amont permet de garder son calme et d’appréhender sereinement la situation. A ce titre, il est nécessaire de se poser les bonnes questions pour déterminer les origines de l’incident. Comment ce litige a-t-il pu naitre ? Suis-je en risque face à cette situation ? Pourquoi suis-je responsable ? La réclamation de mon client est-elle justifiée ?   

Toute l’appréhension du problème s’articule donc autour d’un maintien du dialogue avec le client jusqu’à missionner la compagnie d’assurance. Bien que l’expert intervienne principalement en gestion après-sinistre, sur demande de l’assureur, il peut recommander des actions à faire en amont afin de clore ce type de litige avant sa survenance.

  

Au sortir de cette crise sanitaire, le contexte économique pourrait bien être favorable à l’augmentation des litiges liés à la consommation. Les professionnels de l’automobile vont devoir poursuivre leurs efforts pour faire face aux risques relatifs à leur secteur d’activités. 

L’expertise après-sinistre offre un regard objectif, pragmatique et stratégique permettant aux assurés de prendre rapidement les dispositions nécessaires lorsqu’ils ont été mis en cause. Elle permet aussi aux assureurs d’obtenir les informations dont ils ont besoin pour régler les sinistres en fonction des contrats. Bien accompagner les clients est une priorité lorsque la situation se complique. En bref, l’expertise est à chaque niveau, un piston entre tous les interlocuteurs. 

Bertrand BOIRON

Expert Automobile & Transports

TGS x GM Consultant – Groupe Stelliant